En septembre 2019, je suis allé à Beaubourg voir une exposition de Francis Bacon. Parmi tous ses tableaux, celui-ci me laisse une impression profonde.
Nous pouvons imaginer que cela est une scène dans la nuit. Précisément, c’est une pièce lumineuse qui peut être le studio de Francis Bacon, ou une chambre d’un hôtel. A l’arrière de ce tableau, nous pouvons voir deux couleurs foncées qui nous font penser à un paysage de mer par une fenêtre ouverte. L’un est le bleu, qui nous permet de penser à la nuit éclairée par la lumière de la lune, l’autre est une couleur mélangée de bleu, de vert émeraude et de noir, qui associe une image d’une mer solide, vaste et un peu mystérieuse. Jusqu’à présent, tous les éléments créent une ambiance de paix et de silence. Cependant, cette sérénité est brutalement cassée par une chaise encombrée d’objets en désordre et un grand morceau de viande fraiche, ensanglantée, et violente ! Les deux parties du tableau sont tellement contradictoires et intenses que le souvenir des spectateurs est rapidement ranimé. Tout comme une goutte d’eau tombe dans une casserole d’huile chaude. Au même moment, d’anciennes expériences sont réveillées. Dans de nombreuses nuits profondes, je suis devant la fenêtre où la brise caresse mon visage, pleine d’odeur de la mer fraiche, un peu pourrie, mais aussi d’inquiétude et d’incertitude.
Je crois que la majorité de gens ont des expériences similaires. C'est-à-dire dans notre vie quotidienne, nous sommes souvent touchés par certains sentiments indescriptibles. A cause de nos occupations et de nos insensibilisations, il est facile de choisir d’ignorer ces sentiments subtils et éphémères, bien qu’ils soient réels. Francis Bacon, en tant qu’un artiste honnête, nous fait réaliser ces sentiments les plus précieux matérialisés sur la toile avec sa technique plastique très particulière.
En fait, le travail de Francis Bacon et celui du poète sont quasiment pareils. Ils poursuivent dès le début la même chose, vont vers un terminal commun. Leur différence unique est qu’avec leur vision et leur langage différents, ils nous transmettent respectivement tout ce qu’ils voient et tout ce qu’ils ressentent, que ce soit bon ou mauvais. Au lieu d’inventer des choses inexistantes, un bon artiste doit s’évertuer à attraper/capturer, approcher toutes les existences réelles, en se servant de la façon la plus cohérente et la plus pertinente. Quitte à des incompréhensions d’autrui.
Donc, ce sont ces œuvres qui permettent toutes sortes d’existences d’être matérialisées, pour que nous puissions avoir une possibilité de faire connaître des autres, de mieux nous comprendre nous-mêmes, ainsi qu’un monde à la fois intérieur et extérieur. Ce n’est que lorsque nous essayons vraiment de comprendre et d’accepter ces différences, que la valeur de l’individu sera la plus grande, le concept de l’homme sera tridimensionnel et complet.
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